Les «Recommandations sanitaires aux voyageurs» de 2023 ont bénéficié en janvier 2024 d’une «mise à jour»

medecinedesvoyages.net

Les « Recommandations sanitaires aux voyageurs » de 2023 ont bénéficié en janvier 2024 d’une « mise à jour », dans l’attente de la version définitive de ces recommandations.

Cette nouvelle a pour objectif de décrire les éléments nouveaux apportés en 2023 et janvier 2024 par rapport à la version de 2022.

Chapitre 1 : Vaccinations

Depuis le 8 août 2023, les compétences vaccinales des infirmiers et des pharmaciens d’officine, des infirmiers et des pharmaciens exerçant au sein de pharmacies à usage intérieur, des sage-femmes, des professionnels exerçant au sein d’un laboratoire de biologie médicale (biologistes, infirmiers) ont été étendues. Cela concerne la prescription et l’administration de l’ensemble des vaccins mentionnés dans le calendrier vaccinal en vigueur à toutes les personnes âgées de onze ans et plus, pour lesquelles ces vaccinations sont recommandées, à l’exception des vaccins vivants atténués chez les personnes immunodéprimées. 

MesVaccins.net précise que cette extension de compétence ne s’applique pas en principe aux vaccins dont l’indication relève spécifiquement des recommandations sanitaires aux voyageurs.

1.1. Choléra

Si la recrudescence des flambées épidémiques de choléra au niveau mondial est rappelée, les recommandations vaccinales n’ont pas évolué. Des recommandations spécifiques pour Mayotte sont toutefois attendues.

1.2. Covid

La liste des vaccins adaptés aux variants XBB disponibles en France à l’automne 2023 a été actualisée dans l’édition de janvier 2024. 

Il est par ailleurs rappelé que :

  • la traçabilité de la vaccination contre la covid 19 peut toujours être assurée par le certificat Covid numérique en anglais de l’Union européenne afin de faciliter la libre circulation des personnes dans cet espace, voire vers d’autres pays étrangers, en cas d’exigence vaccinale ;
  • bien qu’il ne soit plus nécessaire de présenter un test de dépistage négatif covid ou un certificat de vaccination covid pour l’entrée dans la plupart des pays, il est recommandé de consulter les recommandations sanitaires pour les voyageurs internationaux sur le site du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, rubrique « Conseils aux voyageurs » (à titre d’exemple, en Arabie saoudite, un certificat de vaccination covid peut être exigé en cas d’admission dans un établissement hospitalier ou lors d’une consultation médicale, alors qu’il n’y a plus de recommandation pour l’entrée sur le territoire, et au Cameroun, un test de dépistage négatif SARS-CoV2 ou un schéma vaccinal complet est exigé à l’entrée sur le territoire).

1.3. Dengue

Il n’y a toujours pas de recommandation vaccinale des voyageurs contre la dengue. L’édition 2024 précise que le vaccin Qdenga, qui a obtenu une AMM européenne, est en cours d’évaluation par la HAS. Ce vaccin, qui n’est pas disponible en France, commence à être proposé chez les voyageurs dans certains pays comme le Luxembourg, la Suisse ou la Belgique.

1.4. Encéphalite japonaise

L’édition 2023 a apporté des précisions sur les pays et zones à risque de transmission de l’encéphalite japonaise.

1.5. Fièvre jaune

L’édition de 2023 apporte les précisions suivantes concernant la vaccination contre la fièvre jaune (FJ) des patients drépanocytaires traités par hydroxycarbamide :

  • si le vaccin FJ est déconseillé comme les autres vaccins vivants atténués, il n’est pas contre-indiqué, sous réserve de l’absence de leucopénie ;
  • un contrôle sérologique de l’immunité est recommandé avant une nouvelle dose.

Par ailleurs, concernant la co-administration des vaccins FJ et ROR, si en 2022 il était précisé que « la co-administration devrait être évitée au profit d’un intervalle de 1 mois », l’édition 2024 considère que ces deux vaccins peuvent être administrés simultanément ou à un mois d’intervalle, sauf en cas de départ imminent en zone d’endémie amarile : dans ce cas, les vaccins peuvent être administrés à n’importe quel intervalle.

1.6. Fièvre typhoïde

L’édition 2024 rajoute le vaccin Vivotif aux vaccins utilisables chez les personnes âgées de 5 ans et plus. Le vaccin Vivotif est un vaccin oral vivant atténué contenant la souche mutante Salmonella enterica serovar Typhi.Ty21a. Le schéma vaccinal est le suivant : 

  • la première gélule est auto-administrée 15 jours avant le départ suivie de deux gélules à J3 et J5 ; 
  • une revaccination selon le même schéma est recommandée 3 ans après la dernière dose si l’exposition au risque est maintenue.

Concernant le vaccin Vivotif, si une prophylaxie antipaludique est nécessaire, il est recommandé de respecter un délai d’au moins 3 jours entre la dernière dose de vaccin Vivotif et le début du traitement antipaludique. Il n'y a pas de contre-indication à la co-administration du vaccin FJ, du vaccin cholérique 103.HgR (non disponible en France) et du vaccin poliomyélitique oral (non disponible en France). 

La vaccination avec Vivotif doit être reportée pendant un traitement antibactérien par sulfamides ou antibiotiques, ainsi que pendant au moins trois jours avant et après ce traitement. Ceci est recommandé en raison du risque d'inhibition de la croissance des microorganismes vaccinaux et d'une possible atténuation de la réponse immunitaire.

1.7. Grippe saisonnière

Les éditions 2023 et 2024 ont rajouté à l’arsenal vaccinal le vaccin vivant atténué intranasal FluenzTetra pour la vaccination des personnes âgées de 2 ans à 17 ans révolus. Il est à noter que ce vaccin n’était pas disponible en France lors de la saison 2023-2024.

MesVaccins.net rappelle que l’OMS vient de recommander le retour à des vaccins trivalents et que le vaccin Efluelda devrait être bientôt retiré du marché français.

1.8. Hépatite A

L’édition 2023 précise clairement que la vaccination contre l'hépatite A n'est pas nécessaire si la sérologie prévaccinale de l'hépatite A est positive (présence d’anticorps anti-VHA).

1.9. Hépatite B

L’édition 2023 rappelle que le calendrier vaccinal français recommande la vaccination contre l’hépatite B en cas de voyage dans les pays de moyenne et forte endémie. Cela signifie que la vaccination contre l’hépatite B recommandée dans le cadre d’un voyage peut être prescrite dans le cadre de l’extension des compétences des pharmaciens et infirmiers.

1.10. Infections invasives à méningocoques (IIM)

L’édition 2024 actualise l’épidémiologie et les recommandations vaccinales suivant les sérotypes avec prise en compte du risque d’exposition aux méningocoques de sérogroupes ACWY et B. Les points à retenir sont les suivants :

  • En Afrique subsaharienne, l’introduction du vaccin de sérogroupe A MenAfriVac entre 2010 et 2020 a conduit à une réduction spectaculaire des infections invasives dues à ce sérogroupe, avec maintenant une prédominance, par ordre décroissant de fréquence, de Streptococcus pneumoniae, de N. meningitidis des sérogroupes X et C, et d’Haemophilus influenzae de type b.
  • Depuis les années 2020 et particulièrement après la pandémie de covid 19, en Europe (dont la France), en Amérique du Nord et en Océanie (Nouvelle-Zélande, Australie), ce sont les sérogroupes d’IIM B, C, avec une augmentation marquée des IIM Y et W qui sont prédominants.

L’édition 2024 appelle à considérer la vaccination contre les IIM ACWY et les IIM B en cas de voyage en dehors de l’Afrique subsaharienne, sur la base des recommandations vaccinales des pays de destination en particulier lors de séjours :

  • dans le cadre d’une expatriation ;
  • chez les enfants en bas âge et les adolescents ainsi que chez les jeunes adultes vivant dans des conditions de promiscuité.

MesVaccins.net rappelle que les recommandations vaccinales contre les IIM ACWY et les IIM B ont évolué dans le calendrier vaccinal 2024.

1.11. Leptospirose

L’édition 2023 inclut un nouveau chapitre consacré spécifiquement à la leptospirose. La vaccination contre la leptospirose peut être recommandée chez l’adulte (vaccin autorisé à partir de l'âge 18 ans) dans le cadre d’une expatriation et au cas par cas, en fonction :

  • de la région géographique (région du Pacifique, Zone des Antilles et des Amériques, où le sérovar Icterohaemorrhagiae circule), 
  • de la saison (saison des pluies) ou de phénomènes climatiques, 
  • de l’activité à risque en l’absence de mesures de protection dans le cadre de la pratique régulière et durable d’activités de loisir en eau douce à risque d’exposition (baignade, plongée, pêche, rafting, autres sports de nature avec des contacts fréquents avec un environnement humide), d'activités agricoles en eau douce chez les personnes exposées spécifiquement au risque de contact fréquent avec des lieux infestés par des rongeurs, et dans le cadre de recommandations professionnelles (cf. calendrier vaccinal 2024).

1.12. Poliomyélite

Mesvaccins.net informe les lecteurs de la tenue récente de la 38éme réunion du Comité d'urgence au titre du Règlement sanitaire international qui a mis à jour la liste des pays où circulent les poliovirus sauvages et les poliovirus dérivés de souches vaccinales. 

Cette liste est évolutive et la liste actualisée est consultable sur le site polioeradication.org/.

Un arrêt de commercialisation du vaccin Imovax Polio est prévu.

1.13. Rage

L’édition de 2023 alertait sur « la qualité et l’exhaustivité des données concernant la circulation de la rage (qui) peuvent fluctuer d’un pays à l’autre, suivant l’état de surveillance dans les pays concernés ». L’évaluation du risque est donc à faire avec précaution compte tenu d’une sous-déclaration.

L’édition 2024 ouvre la possibilité d’un schéma « raccourci » à deux doses (J0 J7) qui n’était pas recommandé antérieurement. Ce schéma est applicable chez les voyageurs âgés de 18 à 65 ans, exclusivement avec le vaccin Rabipur. Chez la personne immunodéprimée, il est possible sous condition « d’un contrôle sérologique 2 à 4 semaines après l’administration de la première dose afin d’évaluer si une administration supplémentaire du vaccin est nécessaire. »

1.14. Tuberculose

La liste des pays à forte incidence tuberculeuse qui a été mise à jour (données OMS 2022) est la suivante :

  • le continent africain dans son ensemble ;
  • le continent asiatique dans son ensemble, à l’exception du Japon ;
  • Océanie : seule la Papouasie Nouvelle Guinée est à haut risque ;
  • Zone méditerranée orientale (Proche-Orient) et Moyen-Orient : zone à haut risque à l’exception à l’exception de l’Arabie saoudite, Chypre, Émirats arabes unis, Israël, Koweït, Jordanie, Oman et Turquie ;
  • Amérique du Sud et Centrale et Caraïbes : les pays à haut risque sont le Brésil, la Colombie, l'Equateur, le Guyana, Haïti, le Nicaragua, la République Dominicaine, Panama, le Paraguay, le Pérou, le Suriname et le Venezuela ;
  • Europe Centrale et Orientale : sont à haut risque la Roumanie, l’Ukraine, la République de Moldavie et la Fédération de Russie ;
  • Les pays d’Europe du Nord ne sont pas à risque (mais les données concernant le Groenland, un pays antérieurement étiqueté à haut risque, ne sont pas communiquées).

Chapitre 2 : Risques liés aux arthropodes et protection personnelle antivectorielle (PPAV)

L’édition 2023 propose un encadré rappelant les messages clés concernant ces thématiques.

Risques liés aux arthropodes

Le tableau de synthèse « Arthropodes, agents pathogènes transmis, maladies, répartition géographique et moyens de prévention », bien que non exhaustif, s’est enrichi, intégrant en particulier les informations relatives au moustiques ce qui facilite la recherche d’informations, mais aussi le Chrysops vecteur de Loa loa.

Punaises de lit

L’édition 2023 fournit des informations supplémentaires sur les mesures préventives à mettre en œuvre : « durant le voyage : inspecter sa chambre lors de l’arrivée pour s’assurer de l’absence de punaises de lit (regarder sous les draps, sous la housse de matelas, le sommier, les plinthes, etc.). Si des punaises sont observées, il est préférable de changer de lieu de séjour. Si cela n’est pas possible, il convient d’éviter de poser ses bagages et affaires personnelles sur le lit, le canapé, dans l’armoire ou toute autre espace susceptibles d’héberger des punaises (par exemple, isoler tous les bagages et les effets personnels - brosse à cheveux, trousse de maquillage, etc. - sur une surface carrelée). »

Elle propose également un lien sur le site de l’ANSES, où les conduites à tenir détaillées en présence de punaises peuvent être consultées.

Tiques

L’édition 2023 précise qu’à titre préventif, les vêtements doivent être portés « serrés aux chevilles et poignets » et que les répulsifs cutanés sur les parties découvertes sont d’une efficacité limitée.

Des informations complémentaires sur le retrait d’une tique à l’aide d’un tire-tiques ou d’une pince fine, précisant qu’il ne faut pas appliquer de produit au préalable sur la tique. Il est recommandé que la persistance des pièces buccales de tiques dans la peau suite à l’extraction ne doit pas donner lieu à un geste médical ou chirurgical, mais à une désinfection et une surveillance régulière du site de piqûre.

Protection contre les piqûres d’arthropodes

L’édition 2024 rapporte que des produits d’imprégnation des tissus à base d’IR3535 ou de DEET sont disponibles sur le marché, et que d’autres produits à base d’icaridine sont en cours d’évaluation. En l’absence de signal de pharmacovigilance pouvant témoigner d’une toxicité de ces produits également utilisés comme répulsifs cutanés, leur utilisation comme un complément aux autres outils de protection personnelle antivectorielle est possible à partir de l’âge de 12 mois (dose maximale recommandée dépendante de l’âge et de la nature de l’exposition, voir la notice du produit).

Le rapport précise cependant que ces répulsifs appliqués sur les tissus n’ont pas fait la preuve de leur efficacité dans la prévention du paludisme en vie réelle.

Chapitre 3 : Paludisme

Données épidémiologiques (points marquants)

Situation du paludisme dans le monde

  • L’émergence de la résistance de Plasmodium falciparum aux dérivés de l’artémisinine, initialement identifiée en Asie du Sud-Est où elle s’est étendue, est également décrite en Afrique depuis 2020.
  • Certains pays et régions ont régulièrement progressé vers l’élimination de la maladie, mais à  l’inverse d’autres pays ont vu leur nombre de cas progresser, comme le Venezuela (depuis l’effondrement des activités de lutte anti-vectorielle du fait des troubles politiques, la transmission du paludisme qui était en voie d’élimination a repris de façon très significative (sans que l’on ait de données précises et fiables sur le niveau d’incidence et la répartition des espèces entre P. vivax et P. falciparum).
  • Plusieurs évolutions récentes de la situation mondiale nécessitent une vigilance et un suivi rapproché : (1) la résistance des parasites aux antipaludiques mais aussi des vecteurs aux insecticides et en particulier à ceux utilisés pour imprégner les moustiquaires, et (2) l’expansion en Afrique d’un nouveau vecteur, Anopheles stephensi, arrivé d’Asie centrale, et qui s’installe en milieu urbain. Son établissement à Djibouti et en Éthiopie a été suivi par une augmentation importante du nombre de cas de paludisme.

Situation du paludisme d’importation en France

  • Les pays à l’origine des contaminations sont toujours très majoritairement situés en Afrique sub-saharienne (89 % des cas).
  • P. falciparum est impliqué dans près de 88 % des cas.
  • Un des principaux facteurs de risque des formes graves et de décès du paludisme demeure le retard de diagnostic.
  • Une augmentation du nombre de cas de paludisme à P. vivax est observée en Guyane depuis la fin de l’année 2023.
  • A Mayotte, aucun cas de paludisme autochtone n'a été observé sur le territoire depuis juillet 2020, mais une PPAV reste recommandée.

Paludisme d’importation en Europe

L’Europe est le continent non endémique le plus exposé au paludisme d’importation (70 %) :

  • les cas de paludisme d’importation sont majoritairement dus à P. falciparum, le plus souvent acquis en Afrique subsaharienne et plus particulièrement en Afrique de l'Ouest, par des résidents européens issus de l’immigration et retournant au pays (VFR). 
  • les cas de paludismes à P. vivax rapportés sont le plus souvent acquis en Inde ou au Pakistan par des résidents européens issus de l’immigration et retournant au pays.

Protection personnelle anti-vectorielle (PPAV)

Reposant sur l’utilisation de répulsifs cutanés et d’une moustiquaire imprégnée d’insecticide la nuit, elle reste fortement recommandée pour tous les voyageurs à destination des zones à risque d’exposition au paludisme, quel que soit le niveau de risque.

Évaluation du risque de paludisme et de la pertinence d’une chimioprophylaxie anti-paludique (CPAP)

  • La chimioprophylaxie antipaludique est toujours indiquée pour les séjours en Afrique sub-saharienne compte tenu de l’importance du risque, quel que soit le profil des voyageurs. 
  • Hors Afrique (Asie et Amérique tropicale) la transmission ayant considérablement diminué (risque au moins 1 000 fois plus faible qu’en Afrique subsaharienne), il ne reste que peu de situations nécessitant sa prescription avant un voyage touristique ou professionnel dit « conventionnel ».
    • À cette fin, des recommandations simplifiées sont proposées pour les voyageurs conventionnels (séjours de moins d’un mois dans de bonnes conditions sans nuitée en zone rurale).
    • Pour les voyages non conventionnels, les indications reposent sur une analyse de la balance bénéfice-risque tenant compte de la destination, de la durée du séjour, du profil du voyageur et des activités prévues. Des recommandations détaillées par pays restent disponibles pour mieux évaluer les indications et la balance bénéfice/risque pour ces voyageurs.
  • Pour la première fois, des cartes OMS traduisant le niveau d’incidence du paludisme au sein des populations autochtones sont mises à disposition. Elles sont une aide à la décision, bien que le risque soit différent et le plus souvent plus faible pour le voyageur.
  • Une attention particulière doit être portée à la prévention du paludisme d’importation chez les personnes issues de l’immigration retournant au pays pour visiter leurs proches car ce sont elles qui en payent le plus lourd tribut.

CPAP et traitement de réserve

  • L’association atovaquone-proguanil et la doxycycline sont les traitements recommandés en première intention. Ces deux antipaludiques ont une efficacité élevée et comparable. En pratique, le choix dépend de la tolérance (troubles digestifs plus fréquents avec l’atovaquone-proguanil, risque de photosensibilisation avec la doxycycline), de la simplicité du schéma d’administration (7 jours après le retour pour l’atovaquone-proguanil versus 28 jours pour la doxycycline), du risque d’inefficacité plus élevé en cas d’oubli avec la doxycycline), des ressources financières des voyageurs (doxycycline moins chère) et des contre-indications ou précautions d’emploi spécifiques (enfants de moins de 8 ans et femmes enceintes pour la doxycycline, insuffisance rénale sévère et interactions médicamenteuses pour l’atovaquone-proguanil). »
  • Pour certaines situations particulières, un avis spécialisé est recommandé (séjours itératifs de courte durée, séjours en zone non endémique puis endémique ou séjours d'une durée supérieure à 3 mois.
  • Un encadré rappelle que l’utilisation de l’Artemisia sous forme de la plante entière, de tisane ou de gélules doit être proscrite ( « plusieurs cas de paludisme graves ont été rapportés en France chez des voyageurs ayant pris des produits à base d’Artemisia annua en prophylaxie »).
  • Une attention devra être portée sur le prix de la pharmacie du voyageur. Ce sujet doit être abordé en consultation et la chimioprophylaxie qui est non remboursée par l’Assurance Maladie devrait parfois être priorisée par rapport aux autres mesures de prévention, en particulier pour les séjours en Afrique subsaharienne, en cas de moyens financiers limités. Les experts du groupe de travail invitent les décideurs à réviser l’exclusion de la prévention pour les voyageurs du panier de soins de l’Assurance Maladie.
  • Le traitement de réserve 
    • Sa place reste limitée au regard d’un usage peu satisfaisant dans les premières études de cohortes publiées.
    • Si le voyageur est amené à prendre de lui-même son traitement « Outre la vérification de la réalité ou non du paludisme et la surveillance du traitement, il est indispensable de réaliser un bilan diagnostique pour cette fièvre, le risque étant de laisser évoluer une autre infection que le paludisme, dont le retard au traitement pourrait avoir de graves conséquences.
  • Il est donc important d’informer les voyageurs de la nécessité de signaler leur séjour en zone tropicale à tout médecin s’ils consultent pour une fièvre dans les 3 mois après leur retour.

Chapitre 4 : Diarrhée du voyageur et autres risques liés au péril fécal

Les indications et les modalités de l’antibiothérapie curative présomptive dans les diarrhées du voyageur ont été actualisées. L’azithromycine est positionnée comme choix préférentiel en cas de diarrhée grave, le caractère dysentérique ou non de la diarrhée n’étant plus un critère de choix de l’antibiotique à utiliser. La ciprofloxacine n’est qu’une alternative en cas de contre-indication de l’azithromycine et de diarrhée non contractée en Asie du Sud Est ou en Inde.

Chapitre 5 : Transports

Le paragraphe consacré au transport aérien inclut un paragraphe étoffé concernant les indications et les modalités d’utilisation de la mélatonine dans la lutte contre le décalage horaire.

Chapitre 6 : Risques liés à l’environnement

Pollution atmosphérique

Un paragraphe introductif conseille de se renseigner avant le voyage sur les niveaux de pollution en fonction de la saison et de la localité, à partir des sites Internet des pays considérés et des consulats français, ou de consulter la page de l’OMS sur la qualité de l’air.

Des précisions sont apportées concernant la prévention, en particulier pour les séjours de longue durée :

  • L’utilisation d’un détecteur de dioxyde de carbone (CO2), gaz émis par la respiration humaine, peut aider, à moindre coût, à définir un schéma d’aération, c’est-à-dire la fréquence et la durée de l’ouverture des fenêtres, afin d’adapter le renouvellement de l’air des locaux et de s’assurer du bon fonctionnement de la ventilation.
  • Si l’on utilise un purificateur d’air « le positionnement de l’appareil dans la pièce doit éviter les obstacles aux flux d’air afin de bien brasser et de filtrer l’air de la pièce. »

Animaux venimeux

L’édition 2013 précise que « La prévention des envenimations marines passe par le port de chaussures par les baigneurs, de gants par les plongeurs, le respect des recommandations affichées sur certaines plages où des risques particuliers sont connus (méduses, notamment). »

Mammifères et oiseaux

Des informations complémentaires sont apportées concernant :

  • Les infections à mpox : « Les vaccins antivarioliques de 3e génération permettent une protection croisée contre mpox ». 
  • Les fièvres hémorragiques virales : 
    • Des vaccins et traitements post-exposition contre les virus Ebola et Marburg sont en cours d'évaluation. 
    • Un vaccin contre la souche Ebola Zaïre (rVSVΔG-ZEBOV-GP) est commercialisé mais n’est pas recommandé en prévention chez les voyageurs. En cas d'épidémie d'Ebola, il est recommandé de ne pas voyager dans la zone concernée. »

Chapitre 8 : Risques liés à certains comportement ou situations

Risque BMR

Ce paragraphe a été simplifié, ce qui en améliore la lisibilité, les informations plus détaillées étant positionnées dans un tableau en annexe (Tableau 13).

Ciguatera

Un paragraphe nouveau décrit la ciguatera, liée à la consommation de poissons de récifs coralliens contaminés par une neurotoxine (ciguatoxine) et précise les mesures de préventions. « Pour prévenir la ciguatera, il convient d’éviter de consommer des poissons prédateurs, de se renseigner auprès des pêcheurs/poissonniers/restaurateurs locaux sur l’origine des poissons que l'on n'a pas l'habitude de consommer. Il est également recommandé de ne pas manger les viscères, le foie ou la tête des poissons dans les zones à risque. »

Chapitre 9 :  Précautions particulières pour certaines situations personnelles

Ce chapitre a été profondément remanié dans l’édition 2023 et enrichi, distinguant quatre situations, les personnes atteintes d’affections chroniques, les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes et les personnes âgées.

Personnes atteintes d’affections chroniques

Six situations sont maintenant prises en compte :

  • les maladies respiratoires (nouveauté),
  • le diabète,
  • l’allergie sévère,
  • les troubles neurologiques ou psychiques,
  • l’infection à VIH,
  • l’immunodépression et le drépanocytaire.

Enfants

La lecture de ce chapitre est facilitée pour deux raisons :

  • Les règles communes indépendantes de l’âge ont été exclues, puisque détaillées dans le chapitre « Personnes atteintes d’affections chroniques » ;
  • Le paragraphe dédié au « Voyage en avion » a été supprimé de l’édition 2023, les informations d’intérêt ayant été reportées dans les paragraphes abordant différents contextes pathologiques, ce qui rend ce chapitre plus didactique et évite les aller-retours lors de sa lecture.

Femmes enceintes

Quelques modifications ont été apportées dans l’édition 2023 :

  • La recommandation de la vaccination contre la coqueluche a été prise en compte ;
  • Les médicaments utilisables chez les femmes enceintes dans la prévention du mal des transports ne sont plus précisés ;
  • Les règles d’utilisation des médicaments anti-diarrhéiques en cas de grossesse ont été supprimées de ce chapitre dans l’édition 2023, mais elles sont reprises dans le chapitre 4 ;
  • Il est précisé que le séjour peut être déconseillé si niveau d’exposition élevé.

Chapitre 10 : Trousse à pharmacie

L'encadré détaillant les indications, les limites et les modalités d'une prescription anticipée d'antibiotiques a été mis à jour. Il introduit désormais des exemples de prescriptions, tout en insistant sur les règles à respecter. Ces règles incluent des explications sur les conditions d'utilisation des antibiotiques et recommandent, chaque fois que possible, de faire valider par un avis médical les antibiotiques prescrits en cas d'infection ORL ou pulmonaire.

Références

  1. Recommandations sanitaires du Haut Conseil de la santé publique pour les voyageurs, actualisées en janvier 2024 (à l’attention des professionnels de santé).
  2. Recommandations sanitaires 2023 pour les voyageurs. Haut Conseil de la santé publique.

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